1948-1958 | Dernière symphonie
Les dix dernières années de la carrière de Rouault se caractérisent par une explosion des couleurs et une véritable ivresse de la matière. Cette ultime période est la plus éclatante de son œuvre et son couronnement.
Les couches de peinture de moins en moins diluées sont amenées par endroits à plusieurs centimètres d’épaisseur. Le noir des larges cernes accentue ces effets de pleins et de creux. La pâte est traitée avec patience et obstination, longuement malaxée, sa nature est transformée. Affranchi des scrupules académiques, Rouault pousse sa technique aux limites du possible. Le visage de Sarah (1956) constitue un exemple typique de cette période : l’accumulation des couches de peinture donne au tableau un aspect sculptural tout en multipliant les nuances de couleurs et les effets de la lumière.
Cette quête obstinée d’une matière picturale est caractéristique de Rouault qui tel un alchimiste poursuit dans le secret de son atelier ses expériences et ses recherches reprenant sans cesse ses œuvres pour les transformer et les mener à maturation. Ceci peut contribuer à expliquer certaines difficultés de datation inhérentes à un tel processus.
La poursuite permanente d’un savoir-faire pictural et l’expression, quelquefois douloureuse, d’une sensibilité « écartelée entre rêve et réalité » sont les deux poumons qui donnent vie et respiration à l’œuvre de Rouault. L’art est pour lui un moyen de communiquer par le dessin, la couleur, la texture. Il dépose ses pensées sur le papier ou la toile. Pour lui la peinture est avant tout une « confession ardente ».
Son art n’est pas seulement une réalisation plastique. Il est aussi l’engagement d’un homme