1871-1902 | Premières années
À l’École des Beaux-Arts, poussé par son maître Gustave Moreau à participer aux concours, Rouault se démarque rapidement. Dès 1894 il remporte le Prix Chenavard avec L’Enfant Jésus parmi les docteurs, œuvre qu’il présentera l’année suivante au Salon des artistes français. Il est alors âgé de 23 ans.
Après une première participation au Prix de Rome avec Samson tournant la meule, Rouault est pressenti comme lauréat lors de sa seconde participation en 1895 avec Le Christ mort pleuré par les Saintes Femmes. Finalement Léon Bonnat, un peintre académique, impose son veto et Rouault n’est pas choisi.
Mais ces concours le font connaitre. Le député socialiste Marcel Sambat, qui sera un collectionneur fidèle, achète Le Christ mort pleuré par les Saintes Femmes, exposé actuellement au musée de Grenoble.
Nombre de ses œuvres sont marquées par Rembrandt auquel il voue un véritable culte. Mais déjà certaines œuvres, telle que Paysage de nuit dit aussi La rixe sur le chantier de 1897, font pressentir la nouvelle direction que prendra son œuvre.
Après le second échec au prix de Rome, Moreau conseille à son élève de quitter l’École et de peindre en indépendant.
Hors de l’École, Rouault peint ce qu’il a sous les yeux. Ses travaux révèlent une vision tragique de la réalité. Sa personnalité s’affirme. Il prend ses marques picturales, se libérant des sujets imposés des concours, et cherchant ses sources, mais il restera l’héritier spirituel de Gustave Moreau. Ce dernier le soutient dans sa nouvelle voie et continue de lui apporter conseil, culture littéraire et reconnaissance spirituelle.
Imprégné du climat spirituel de Gustave Moreau et de celle du petit groupe formé autour de J. K. Huysmans à l’Abbaye de Ligugé, Georges Rouault suivra toute sa vie ce conseil du maître : écouter sa voix intérieure.