Céramiques
Georges Rouault s’est consacré à la céramique pendant toute la période d’une collaboration féconde avec André Metthey, de 1906 à 1913.
Cette technique exerce une véritable fascination au début du XXe siècle. André Metthey invite les artistes dans son atelier d’Asnières et leur propose des formes à décorer. Au Salon d’automne de 1907, le céramiste présente des œuvres issues de sa collaboration avec de peintres tels que Maurice Denis, Maurice de Vlaminck, Maillol, Henri Matisse… et Rouault.
Georges Rouault a beaucoup produit et exposé des ensembles de céramiques à plusieurs reprises au Salon des Indépendants, au Salon d’Automne et enfin à la Galerie Druet.
Chez Metthey, Rouault reconnait une préférence pour les plaques. Ainsi que l’explique Bernard Dorival surtout parce que « leur forme se rapproche plus des tableaux », «…on peut dire que ses céramiques sont alors des peintures sur faïence et passées au feu… » (extrait d’un article paru en novembre 1950, no IX de Musées de France).
Une exposition rétrospective Rouault et la céramique fauve dans l’atelier d’André Metthey au Panasonic Shiodome Museuma eu lieu à Tokyo en 2015.
Je crois (…) au milieu des massacres, des incendies et des épouvantements, avoir, de la cave où je suis né, gardé dans les yeux et dans l’esprit la matière fugitive que le bon feu fixe et incruste.
G. Rouault à André Suarès, 27 avril 1913, lettre no 29, Correspondance Rouault – Suarès, NRF, Gallimard
Nous ne sommes pas les maîtres du feu, disent les cuiseurs. Non, certes, et heureusement, vous lui feriez dire de rudes sottises. Il est mon maître à moi aussi mais je cherche à lui obéir, à profiter de son feu, de ce qu’il me donne…
Ce qui est perdu, raté pour beaucoup ne l’est pas pour moi, … j’y vois poindre des soleils sanglants ou des lunes bleuies d’argent meurtri…
Tapisseries et vitraux
Une quinzaine de tapisseries selon des œuvres de Rouault sortirent des ateliers d’Aubusson sous la direction de Marie Cuttoli de 1932 à 1938.
Cinq vitraux sont réalisés en 1945 par les ateliers Hébert Stevens d’après des cartons et des toiles de Rouault pour la Chapelle Notre Dame de Toute Grâce du plateau d’Assy.
Construire l’église du XXe siècle : telle était l’ambition des tenants du renouveau de l’art sacré à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Avant la chapelle de Ronchamp construite par Le Corbusier ou celle de Vence, ornée par Matisse, l’église du plateau d’Assy en Savoie devint l’étendard de cette croisade pour l’art religieux contemporain.
[…] En visitant une exposition en juin 1939 à Paris, au Petit Palais, l’abbé Devémy remarqua une peinture de Georges Rouault à l’huile sur papier, destinée à un vitrail. Il s’agissait d’une représentation du Christ, intitulée Passion. C’est à partir de cette œuvre, qui devint la matrice de tout le décor, que l’ensemble fut constitué. Son style expressif, loin d’une figuration strictement naturaliste, imprima sa marque aux éléments de l’ornementation.
Christine Gouzi, Professeur à Sorbonne-Université, « La querelle de l’Art sacré. L’Eglise d’Assy (1937-1950) », L’Objet d’Art, février 1921