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Univers des Arts célèbre les 150 ans de la naissance de Georges Rouault

Dans son numéro 204, le magazine Univers des Arts consacre un article à Georges Rouault, et aux événements organisés autour de la célébration des 150 ans de sa naissance.

Extrait de l’article de Thibaut Josset pour Univers des Arts

Fleurs décoratives, 1937
Fleurs décoratives, 1937

Voici cent-cinquante ans, Georges Rouault naissait dans une cave du XIXe arrondissement de Paris lors d’un bombardement donné par l’armée de Mac Mahon alors que la Semaine sanglante sonnait le glas de la Commune. Quatre-vingt-six années plus tard, la France offrait à l’un de ses plus illustres peintres des funérailles nationales, données en l’église Saint-Germain-des-Prés. La vie et l’œuvre de Georges Rouault ont été maintes fois narrées et louées pour leur exemplarité. De son apprentissage chez Emile Hirsch puis Jules-Elie Delaunay, à son entrée dans l’atelier de Gustave Moreau qui vit en lui son héritier parmi ses nombreux et prometteurs élèves, jusqu’à sa collaboration avec Ambroise Vollard, son sens du sacré couplé à sa sensibilité profondément humaine et humaniste aura toujours marqué les esprits et séduit les cœurs.

Rappelons que peu avant sa mort en 1958, la presse qui le présentait volontiers comme l’ultime héritier des traditions du désormais lointain XIXe siècle, le plaçait au flanc de Picasso au sommet des artistes les plus « cotés » de la planète. Admiré en Asie et en Amérique, son œuvre peint et gravé, déployé dans tous ses aspects religieux et sociaux, est surtout caractérisé par un sens tragique de l’Histoire que relève une sincère et bienveillante espérance. Il ne faudrait pas ainsi dresser une ligne trop épaisse entre les différents aspects de la production de Georges Rouault : lorsqu’il peint un Christ, il peint avant tout un homme qui souffre et, lorsqu’il peint une prostituée, c’est en lui conférant la grandeur évocatrice des visions bibliques.

Filles, dit aussi Deux prostituées
Filles, dit aussi Deux prostituées
Stella Matutina, 1938
Stella matutina, 1938

Pour son jubilé, plusieurs événements majeurs ont été organisés malgré la complexité de la situation sanitaire. Cet été s’est notamment déroulé au Centre Pompidou une magnifique exposition très justement intitulée « Saintes Colères » avec le soutien de la Fondation Georges-Rouault et sous l’œil avisé de la conservatrice Angela Lampe. Cette dernière a par ailleurs écrit et supervisé la réalisation d’une monographie très attendue maintenant disponible aux Éditions du Centre Pompidou.

Paysans, 1937
Paysans, 1937

Quant au Japon où Georges Rouault fait l’objet d’une attention toute particulière, le Musée Idemitsu de Tokyo consacre à l’artiste un grand hommage censé durer tout l’automne. Mais c’est à Paris, au sein de la galerie Taménaga qui se prépare à en présenter une centaine d’œuvres, que le Japon célèbre le plus magnifiquement Georges Rouault qui trône dans ce pays à égalité avec Braque ou Matisse. Sobrement intitulée « Cent Chefs-d’œuvre », l’exposition réunit jusqu’à la fin de l’année un panel de pièces particulièrement riche dont une bonne partie s’avère inédite, de supports et techniques variés. Cet événement s’inscrit dans une continuité double : constituant d’une part une suite naturelle à la grande exposition se tenant cet automne au Centre Pompidou et d’autre part, un émouvant prolongement de la rétrospective des cinquante ans de la galerie Taménaga […]