Biographie

Dernière symphonie  |  1948-1958

Georges Rouault emménage au 2 rue Émile Gilbert dans le 12e arrondissement parisien. Pendant ces dernières années il est secondé et soutenu par sa femme Marthe et sa fille Isabelle qui a consacré sa vie à l’œuvre de son père. L’appartement-atelier où il passe les dernières années de sa vie est actuellement le siège de la Fondation Georges Rouault.

Le 5 novembre 1948, dans les suites du procès Vollard, l’artiste brûle devant huissier 315 peintures, événement qui sera très médiatisé. Il a 77 ans et estime ne pas avoir le temps d’achever ces toiles.

J’ai les yeux malades à force de veilles et de tenter de faire un choix et sélectionner les œuvres à détruire devant huissier.

Lettre inédite de Rouault à Léon Lehmann, fin juillet 1948
Rouault détruisant ses œuvres, 1948 ©YC
Rouault détruisant ses œuvres, 1948 ©YC
Rouault dans son atelier avec sa fille Isabelle, 1953
Rouault dans son atelier avec sa fille Isabelle, 1953

La consécration de son œuvre

La première présentation du Miserere a lieu à la galerie des Garets à Paris du 27 novembre au 21 décembre 1948. L’exposition remporte un grand succès. Le public comprend la profonde humanité de cette œuvre qui succède aux horreurs de la seconde guerre mondiale.

Pendant les dix dernières années de sa vie, l’artiste reçoit de nombreux prix et hommages. De multiples expositions et écrits avaient familiarisé le public avec la peinture de Georges Rouault. Des expositions et rétrospectives consacrent son œuvre sur le plan national et international.

En France, le Centre Catholique des Intellectuels français organise, à l’occasion de ses 80 ans, un hommage à Rouault au Palais de Chaillot qui est une apothéose. Un Hommage national est rendu à l’artiste avec la rétrospective du 9 juillet au 26 octobre 1952 au Musée national d’Art Moderne. Sont présentées dans une dernière salle quatre œuvres qu’il vient juste d’achever : Nocturne d’Automne, Laissez venir à moi les petits enfants, Crépuscule et Nocturne Chrétien.

À l’étranger, de nombreux événements sont organisées. Une grande rétrospective de 263 œuvres à Zurich d’avril à juin 1948. En 1952, une importante exposition au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles et au musée municipal d’Amsterdam. Présentation itinérante aux États-Unis en 1953 des œuvres de Rouault au Cleveland Museum of Art, au Museum of Modern Art de New York et au County Museum of Art de Los Angeles, puis au Musée national de Tokyo ainsi qu’au Musée municipal d’Osaka. Exposition en 1954 à la galerie d’art moderne de Milan.  

Rouault dans son atelier, 1953
Rouault dans son atelier, 1953

Les paysages sacrés sont des pastorales bibliques, orientales parfois. Des astres fulgurants sombrent dans des ciels bleus de nuit. De petits personnages errent de-ci de-là, au bord d’un fleuve, sur une vague route, entre des constructions sans âge ni style. Ils n’ont pas de nimbe, mais leur sainteté ne fait aucun doute. Ils se penchent l’un vers l’autre et se murmurent dans le soir des paroles importantes.

Texte inédit de Georges Chabot

Plusieurs distinctions l’honorent, il est nommé commandeur de la Légion d’Honneur en 1951, décoré de l’Ordre des Palmes Académiques en 1956 et élevé au rang de commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres en 1957.

Pendant ces années, Rouault peint essentiellement des paysages colorés et rayonnants. En 1956, fatigué, il ne peint presque plus.

Georges Rouault s’éteint le 13 février 1958 à l’âge de 87 ans. Des obsèques officielles organisées par l’État ont lieu le 17 février en l’Église Saint-Germain-des-Prés à Paris. Il est inhumé au cimetière Saint Louis de Versailles.